AVANTAGES POLITICO-STRATEGIQUES
Selon Al-Masri Al Youm, un quotidien égyptien, « l’inauguration le 6 août du nouveau canal de Suez contribue à ouvrir des perspectives pour les relations internationales de l’Egypte », déclaré le lendemain de la cérémonie, où étaient présent les délégations d’une centaine de pays.
Pour certains pays, comme la Croatie ou le Nicaragua, il s’agissait de leur première venue officielle en Egypte. Mais d’autres comme la Turquie ou l’Israël n’ont pas été invités, décrit le quotidien égyptien «en raison de leurs positions à l’égard de l’Egypte ».
La construction de cette deuxième voie est d’abord politique : en
effet l’augmentation des capacités de navigation du canal de Suez est utile au commerce international, et donc à de nombreux
pays du monde. Un fait qui ne peut que renforcer la légitimité du régime d’Al-Sissi. Dans la
lignée de Nasser, la deuxième voie a été nationalisé et financé à l’aide du peuple égyptien,
comme l’explicite Al-Sissi « Le peuple égyptien a montré sa grandeur, sa capacité à ne
compter que sur lui-même et à réaliser des miracles quand les défis à relever sont
nombreux ». Une fierté nationale destinée à asseoir sa popularité.
Le transport maritime, véritable porte-monnaie pour l’Egypte, est bienvenu pour un pays en déficit de tourisme et d’investissements étrangers depuis la chute d’Hosni Moubarak en 2011 et les troubles politiques et sécuritaires qu’elle a engendrés. En effet, la cérémonie d’ouverture de la deuxième fut placé
sous haute surveillance : le Sinaï fut précédemment frappé par des attaques attribuées à des groupes islamistes, et juillet 2015, la branche locale de L’Etat Islamique (EI), « province du Sinaï », a annoncé avoir tiré une roquette sur navire égyptien en Méditerranée. Dix jours précédant la cérémonie, le passage dans l’extension du canal des tout premiers navires marchands s’est déroulé sous la protection d’hélicoptères et de bâtiments de l’armée égyptienne.
La présence de François Hollande, compatriote de Ferdinand de Lesseps, l’initiateur de la
première voie à la fin du XIXème siècle, montre l’implication du Caire pour la sécurité, après la commande de 24 avions de chasse Rafale. Plusieurs appareils fabriqués par Dassault Aviation, un constructeur aéronautique français, ainsi qu’une frégate
multi missions Fremm, elle aussi vendue à l’Egypte en février, seront présentés au public lors des cérémonies d’Ismaïlia annoncés par les autorités locales comme « pharaonique ». La présence de François Hollande à la cérémonie a fait littéralement bondir sa popularité auprès du peuple égyptien, renforçant encore les liens diplomatiques entre la France et l’Egypte ; « La France a été les premiers, alors que l’Egypte traversait un moment difficile et que les Etats-Unis étaient plus réticents, à considérer qu’il fallait faire confiance à ce pays », explique un proche du président français.
Le canal de suez s’inscrit donc dans une volonté de paix et de coopérative internationale, donnant à l’Égypte un pouvoir colossal
grâce à l’impact financier et commercial de son œuvre national. Dans son histoire, mis à part la nuit du 19 août 1882 où le canal fut occupé par les flottes anglaises du sir Garnett Wolseley pour faire face à l’insurrection d’Arabie, jamais le canal ne fut utilisé en faveur de la guerre, un signe encourageant de prospérité dans un pays qui est instable face à la menace des Frères musulmans et du terrorisme.