
LES DÉBUTS DU CANAL
La jonction des eaux a lieu le 15 août 1869, et le canal est inauguré officiellement le 17 novembre, en présence de l’impératrice Eugénie et de l’empereur François-Joseph d’Autriche. La première de l’opéra de Verdi Aïda est donnée pour l’occasion.
Depuis son ouverture, le canal de suez a subit peu de changement, mis à part la seconde moitié du XXème siècle où il a été légèrement élargi (193 mètres en 1976, puis 315 en 1990) et approfondi (15 mètres en 1976 ; 19,5 mètres en 1980 ; 23,5 mètres en 1990). Une autre voie a également été ouverte dans le nord en 1980 pour alléger Port-Saïd.

Aux termes des firmans (autorisation donnée par un souverain musulman) de concession, le canal de suez est destiné au commerce international et est donc considéré comme « universel » et « neutre ». La compagnie concessionnaire est, de plus, « égyptienne », bien que paradoxalement qu’elle ait été fondée en France par des Français, qu’elle soit considérée et identifiée en tant que société par la loi française, et que son administration ainsi que son domicile juridique soient à Paris. Ses titres sont malgré cela enregistré comme « valeurs étrangères », et, à l’expiration de la concession, en 1968, le canal devait appartenir au gouvernement égyptien. Une situation déjà compliquée dans laquelle les convoitises de plus en plus importante de l’Angleterre, qui a tout fait pour empêcher la construction du canal, a finalement le plus exploité pour sa marchandise, avec 60% du tonnage total dans les dernières années du XIXème siècle, et le considérait comme nécessaire à son existence.
Le premier problème fut résolu en 1873, lorsque la Compagnie désira modifier la répartition des recettes et le taux des péages.
Les armateurs s’insurgèrent et l’Angleterre ordonna au vice roi (Ismaïl Pacha) d’avancer ses
troupes et de siéger dans les établissements le long du canal, ce que obligea Ferdinand de Lesseps
à « accepter » ce régime éphémère. En 1875, le cabinet anglais acheta souterrainement au vice roi
qui fut gêné, ses 176 602 actions, ce qui donna à l’Angleterre, en plus des autres actionnaires
anglais, une suprématie dans les assemblées de la Compagnie. En 1877, aux prémices de la
guerre entre la Russie et la Turquie (qui dura 1 an), l’Angleterre fit savoir à la Russie, qui refusa les
propositions de neutralisation de Ferdinand de Lesseps, qu’il n’autoriserait aucun acte de guerre à
l’encontre du canal, situé en territoire turc. La Russie respecta cette décision. Ce sera l’Angleterre


elle-même qui violera sa décision, en raison de la répression de l’insurrection d’Arabie : Dans la nuit du 19 au 20 août 1882, sir Garnett Wolseley (général Anglais) en pris possession militairement, ce qui obligea Ferdinand de Lesseps à fermer le canal à la navigation jusqu’à ce que toutes les flottes anglaises le traverse. Dans le cadre d’un nouveau
problème majeur en rapport avec le canal, une commission internationale fut sollicitée pour établir un « règlement du libre usage du canal de suez ». Composée de délégués de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Russie, de l’Italie, des Etats-Unis, de la Turquie, des Pays-Bas et de l’Espagne, elle se concerte à Paris en 1885, sous la présidence du directeur des affaires politiques Billot, et elle constitua une convention, qui, d’abord refusée par l’Angleterre, ne fut acceptée réellement que le 28 novembre 1888 :
« Le canal maritime de Suez, y est-il dit, sera toujours libre et ouvert, en temps de guerre comme en temps de paix, à tout navire de commerce ou de guerre, sans distinction de pavillon. En conséquence, les hautes parties contractantes conviennent de ne porter aucune atteinte au libre usage du canal en temps de guerre comme en temps de paix. Aucun droit de guerre, aucun acte d'hostilité ou aucun acte ayant pour but d'entraver la libre navigation du canal ne pourra être exercé dans le canal et ses ports d'accès, ainsi que dans un rayon de 3 milles marins de ces ports, alors même que l'empire ottoman serait l'une des puissances belligérantes ».